Luce Goutelle

Luce est artiste, metteure en scène et chercheuse indépendante. Elle a cofondé la compagnie Loop-s en 2015 et Désorceler la finance (Unbewitch Finance Lab) en 2017 à Bruxelles. Son travail explore les frontières entre l’art, le journalisme et les sciences humaines et prend la forme de projets multidisciplinaires (mises en scènes, expositions, récits écrits, performance etc.). Fascinée par les mécanismes de la société qui l’entoure, elle observe avec minutie les rouages de notre système économique et social. Constatant au fil des années que sa mission sur terre est de créer des liens entre les être humains, elle s’attèle au quotidien à construire des ponts. Des ponts entre des inconnu.e.s, entre des artistes et des activistes, entre des institutions qui ne se parlent pas encore, entre des mondes en apparence éloignés tels que le sont la finance et la sorcellerie. Après des études de photojournalisme, elle entre à l’école des Beaux-arts de Grenoble où elle se donne pour défis de travailler sous forme d’investigations sur des sujets à priori aux antipodes de ses centres intérêts. C’est ainsi qu’elle se retrouve à créer une exposition sur des courses de lévriers, créer une chorégraphie à partir de vidéos de match de rugby au ralenti, prendre des cours de crochet en thailandais et devenir stewardess-marin sur un yacht privé sur la Costa Smeralda en Sardaigne. Elle poursuit avec un master en Arts et Médias numériques à Paris La Sorbonne où elle a étudié l’ethnographie et les structures des nouveaux médias et s’infiltre dès qu’elle peut à l’EHESS pour suivre en touriste des cours qu’elle choisi en fonction des intitulés les plus intrigants comme par exemple un séminaire d »anthropologie des crises et des catastrophes ». Elle échoue son master sur la dernière ligne droite. Le jury de sa soutenance considère que la forme de son mémoire ne rentre pas dans les cadres universitaires et refuse d’évaluer son travail. Il est fort possible que cet épisode marquant surnommé « la soutenance fantôme » ait contribué à la création, des années plus tard, d’un laboratoire « sauvage » de recherches « expérimentales » indépendant et autogéré. Le temps dédié à l’investigation sur un terrain de recherche et l’immersion dans le contexte de son intervention sont deux choses qui la rendent assez têtue. Elle a réalisé plusieurs créations théâtrales in-situ telle que Conversation with a stranger (une expérience immersive dans un hôtel bruxellois en 2013, née de son travail de réceptionniste d’hôtel), Approche (une installation radiophonique dans des cafés populaires de Bruxelles, résultat d’une enquête sur le vertige de la rencontre) et Secrets & Transparences (expérience immersive dans une tour d’affaire en 2016, issue de l’occupation temporaire des anciens bureaux de la banque Dexia). En 2015, elle a été, furtivement, artiste associée aux Halles de Schaerbeek à Bruxelles où elle a notamment présenté les créations : Beyond expectations qui retraverse le périple d’un réfugié du moyen-orient vers l’occident avec le vocabulaire empreinté du voyage spatial, Les mal entendus et L’affaire n’a pas été clairement élucidée qui sonde le fantasme du capitalisme plongé dans le décor du yachting de luxe. En 2016, elle a été en résidence au centre de recherche dramatique La Bellone et au Kunstenfestivaldesarts dans le programme Residence & Reflection. Actuellement, elle concentre pleinement son travail au sein du Laboratoire Désorceler la Finance. En 2017, elle a initié et co-créé le projet Open Outcry qui a été présenté en Belgique (Nuit Blanche, Bruxelles; Le Vorruit, Gent), Canada (Atsa Festival, Montreal) et en France (Festival Déprogrammation, Bordeaux). En 2018, elle a co-crée l’exposition « Cabinet de curiosités économiques » présenté à Buda Kunstencentrum dans le cadre du Next Festival et à la galerie Erg à Bruxelles. Elle a co-organisé l’atelier « The art of financial hacking » au Kaaitheatre avec Brett Scott et Paolo Cirio. Elle donne régulièrement des conférences et des ateliers (Rethinking Economics Gathering 2018, The art of organizing Hope, Change Finance Forum, La Cambre, Erg, ENSBA Lyon etc.). Son prochain projet nommé « Slow Frequency Walk » prend la forme d’une marche de 699km sur le tracé d’une ligne de trading à haute fréquence entre Londres et Francfort. Entre temps, elle rêve de mises en jachère.