Ce projet s’inscrit dans le prolongement de mes recherches antérieures et naît de la volonté de contribuer, depuis la perspective artistique, à la sauvegarde des traces de la collection qui a été détruite suite à l’incendie au musée national de Rio de Janeiro (MNRJ) en 2018. Afin de proposer une réponse à la question « Comment une personne qui n'est jamais allée dans ce musée - comme moi - pourrait accéder à un patrimoine qui n'existe plus ? », ce projet se donne pour mission de créer un inventaire de traces des objets à partir du récit de l’expérience corporelle vécue par les scientifiques, les historiens, les conservateurs, les conservateurs-restaurateurs, les anthropologues, les archivistes, le public visiteur, le personnel d'entretien, de sécurité et de sauvetage qui ont manipulé, transporté, conservé, surveillé, nettoyé, regardé et passé du temps avec l’un des millions d'objets de la collection de ce musée à Rio de Janeiro. En considérant que le corps est un lieu de la transmission, voire de l'héritage, et un véhicule capable de connecter le passé, le présent et le futur, cette recherche s’attachera : (1) à faire ressortir des objets de la collection du MNRJ en interviewant des personnes qui ont été en contact avec au moins un objet du musée, (2) à trouver des mécanismes pour transformer la matière des entrevues (récits, gestes, sons) en une œuvre artistique, (3) ainsi qu’à interpréter la création artistique à travers la production discursive articulée avec les outils conceptuels et méthodologiques de l’anthropologie, de l’histoire et de la philosophie sur les thématiques liées à ce projet (patrimoine et culture immatérielle, mémoire corporelle, transmission par le corps).