FRArt Copwatching: the war of storytelling

1. introduction

  • type: Article
  • ref: DOC.2021.173
  • Date begin: October 1 2021

Copwatching: the war of storytelling. Contribution to direct and cooperative representation.
In the age of smartphones and internets, focus on copwatching: aesthetic, political and ethical issues in the storytelling war

In the age of smartphones and the Internets, anyone can produce and broadcast images: representation is no longer the prerogative of political, media or artistic elites. Among these images, we will focus on those of copwatching, videos monitoring police activity, filmed to prevent or denounce police brutality. These images have a clear impact; they recently drew the public's attention on police brutality issues, and are therefore at stake in the storytelling war. This project seeks to contribute to cooperative representation by analyzing the artistic, ethical and political stakes of this storytelling war. The research approach consists in crossing different collaborators’ points of views (academics, artists, activists) and to articulate periods of theoretical (readings, analyses and meetings) and practical research (writing and video experiments) with moments of exchange and public restitution (online publications, workshops, round table, video installations).

2. Images révoltantes, Images de révoltes. Programme discursif au cinéma NOVA.

  • type: Conference
  • ref: DOC.2022.32
  • Date begin: June 12 2022
  • duration: 0:00:00
  • description:

     

    Outils de l’enquête
    Dimanche 12 juin - 16h-17h30
    Antoine Schirer est un motion designer devenu réalisateur et journaliste. Il utilise le design, l’imagerie 3D, des timelines et l’analyse d’image et de ses métadonnées pour réaliser des enquêtes audiovisuelles. Il collabore avec Médiapart, le Monde et la BBC. Au cours d’une séance interactive, il nous présentera les outils qu’il utilise en disséquant une de ses vidéos où les images tournées par des smartphones sont la matière de base pour mener une contre-investigation.

    Histoire d’une image de violence policière
    Dimanche 12 juin - 18h-20h
    Rencontre avec Matteo (militant JOC, possesseur d’un smartphone), Antoine Schirer (réalisateur et journaliste indépendant), Joke Callewaert (avocate) et le comité de soutien Justice pour Lamine Bangoura. Quels impacts une image peut-elle avoir sur le réel  ? Pour éclairer cette question, chacun des intervenants reviendra sur son expérience. Ensemble, ils retraceront la vie des images de violence policière, celles filmées aux smartphones, celles des caméras de surveillances, celles des bodycams. De leur prise de vue à leur utilisation dans une procédure judiciaire, en passant par leur diffusion sur les réseaux sociaux et dans les enquêtes journalistiques, chaque étape a ses enjeux, tantôt concret comme le stockage des vidéos, tantôt légal comme le droit de filmer, tantôt sociologique, comme nos biais quand nous regardons une vidéo. A chaque étape ces images sont réinterprétées  : c’est une guerre des récits qui se joue à travers elles.

    Cette discussion est organisée et modérée par Maud Girault dans le cadre d’un projet de recherche soutenu par le FrArt (FNRS - A/R).

     

  • NOVA programme
  • nova_186_bd.pdf
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  • Maud Girault. Cinema NOVA
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  • Maud Girault. Cinema NOVA
  • Capture d’écran 2022-05-24 à 10.54.30.png
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3. Maud Girault. History of an image of police violence. What impact can an image have on reality? on Radio Panik

  • type: Event
  • ref: DOC.2022.78
  • Publication date: June 27 2022
  • duration: 0:00:00
  • description:

    History of an image of police violence. What impact can an image have on reality? Maud Girault

    Interview with Antoine Schirer and Emile Costard (directors, motion designers and freelance journalists), Joke Callewaert (lawyer in the PLN law firm) and Nordine Saïdi (member of the Justice for Lamine Bangoura support committee and founding member of Brussels Panthers).
    What impact can an image have on reality?

    To shed light on this question, each of the speakers looks back on their own experience. Together, they retrace the life of images of police violence, those filmed with smartphones, those from surveillance cameras and those from bodycams. From their shooting to their use in a judicial procedure, through their diffusion on social networks and in journalistic investigations, each stage has its stakes, sometimes concrete like the storage of videos, sometimes legal like the right to film, sometimes sociological, like our biases when we watch a video. At each stage these images are reinterpreted: it is a war of narratives that is played out through them.

    This meeting took place at the Cinema Nova on 12 June 2022 as part of the Screenshot cycle Images of revolt, revolting images: what good is cinema? It was organised and presented by Maud Girault as part of the FrArt research project "Copwatching: the war of storytelling" supported by the FNRS and the asbl Art et Recherche.

    https://nova-cinema.org/prog/2022/186-screenshot/images-revoltantes-images-de-revoltes/#article-25739

  • Enregistrement audio de la rencontre.
  • histoire-dune-image-de-violence-policiere_14114__1.mp3
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  • Questions réponses suite à la rencontre.
  • histoire-dune-image-de-violence-policiere_14112__0.mp3
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  • Radio Panik
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  • Table ronde Cinema Nova Bruxelles
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4. Bodycams en Belgique : état des lieux d’une fausse bonne idée.

  • type: Article
  • ref: DOC.2022.95
  • Bodycams en Belgique, une fausse bonne idée.pdf
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https://videos.domainepublic.net/w/5qwwrFbYsfbqwVfuKd5Gzy

Où en est-on ?

Si Westkust ou Malines s’étaient déjà procurés des « cameras mobiles » dès 2009 (alias « caméra-piétons »/ « bodycams »), ce n’est qu’en mars 2018 que les député.es légifèrent afin de les autoriser. Namur sera la première zone francophone à les tester en 2018-2019 avant de les développer en 2020.
Aujourd’hui, elles tendent à devenir la norme en Belgique : à Marlow, La Louvière, Fagne, Liège, Tournai, Mons-Quévy, Péruwez-Bernissart, Nivelles-Genappes, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Gand, Turnhout, Anvers, et depuis 2021 dans les six zones de polices Bruxelloises, les bodycams sont en phases de tests ou opérationnelles.
Chaque zone de police déploie les bodycams de manière différente : les calendriers de phases d’évaluation et de validation ainsi que les protocoles d’enregistrements (déclenchement de la caméra, mémoire de pré-enregistrement, etc.) varient d’une zone à l’autre. Par exemple, au sein de la région bruxelloise, ce ne sont pas les mêmes protocoles d’enregistrements et de stockage dans la zone de police Bruxelles-Ixelles que dans la zone Bruxelles Nord.

Finalités poursuivies

La Ligue des droits humains a travaillé sur le rapport d’évaluation des bodycams de la zone de police Bruxelles-Ixelles. Trois finalités principales sont citées pour justifier le déploiement des bodycams :
«  a) lutter contre la position déforcée dans laquelle se retrouve le·la policier·ère face aux images produites par le public, (b) assurer la sécurité de toutes les parties en cause, et enfin (c) garantir plus aisément la véracité et la constatation des faits, tant à charge qu’à décharge. »1 À l’article 2.1 « finalité » du rapport, on peut lire : « Les images et sons enregistrés par les bodycams sont destinés à servir de preuve tant dans des dossiers judiciaires, qu’en matière de police administrative et en matière disciplinaire ». Ces objectifs se retrouvent, dans leurs grandes lignes, dans la plupart des zones de police.

Dans la vidéo ci-dessus, il s’agit de questionner la prétendue neutralité de cet outil technologique : les images ne sont pas en soi un élément objectif, celles produites par des bodycams avec les spécificités de cet outil d’enregistrement encore moins. Le hors-champ, le grand angle, le mouvement induit d’une caméra corporelle, la contre-plongée, l’identification à la personne qui filme : tous ces éléments influent sur la lecture de l’image. Loin d’être « objective », l’image produite par une bodycam est biaisée.
L’interprétation des images est aussi soumise à des grilles de lecture, notamment un point de vue « racialement situé » : les préjugés du spectateur peuvent l’amener à lire les actions et réactions d’un corps racisé comme porteurs d’une intention dangereuse 2. Ces interprétations vont jouer un rôle dans l’évaluation de la légitimité de l’usage de la force.
D’autres éléments sont à souligner quant aux enjeux du développement des bodycams, en voici un aperçu, des articles et sites cités ci-dessous permettront d’aller plus loin.

Les principaux enjeux soulevés par l’introduction des bodycams

1 - Choix discrétionnaire

Dans l’écrasante majorité des cas, le ou la policier.ère est maitre du processus, et cela, sur l’ensemble de la chaîne (de la prise de vue au stockage des images). Que ce soit au stade du déclenchement de la caméra, du tri et de la conservation des données, de l’évaluation, ou de la communication sur les données récoltées, la police garde entièrement le contrôle, sans aucune intervention extérieure. Difficile d’y voir un médium neutre, notamment dans des affaires où la violence de la police est questionnée, lorsque la production des images incombe uniquement à la police : elle décide de filmer ou non - et si oui, quand. Elle décide ensuite d’utiliser, ou non, les images produites.

2 - « En Belgique, même en présence d’images, les condamnations de membres des forces de l’ordre sont peu fréquentes »


Dans son rapport sur les bodycams, la Ligue des droit humains, remet en question la possibilité que les images produites par les bodycams puissent aider contre les violences policières : « en Belgique, une personne qui est victime de violence illégitime par des membres des forces de l’ordre se voit souvent dépourvue de voies de recours, les dossiers étant régulièrement classés sans suites ou, lorsqu’ils ne le sont pas, ils n’aboutissent que très rarement à une condamnation. C’est ce qu’attestent les constats, outre celui de la Cour européenne des droits de l’homme dans certains arrêts, du Comité P,  du Comité des droits de l’homme des Nations Unies, du Comité contre la torture des Nations Unies et encore du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. »

3 - Flou sur la diffusion et la protection des données

Il y a actuellement un flou sur la protection des données des personnes filmées par les policier.ères. Ceci n’est pas pour rassurer dans un contexte où la surveillance des citoyen.nes semble exponentielle. Ainsi, la possibilité de transmettre les vidéos de la surveillance (rue/drones/bodycams) dans des centres de commandement, centralisant et analysant l’ensemble de ces flux, a été facilitée et encouragée sous le ministère de Jan Jambon dès mars 2018 en Belgique.
En outre, selon le protocole utilisé, un pré-enregistrement est prévu (une mémoire tampon de 1 à 2mn qui se déclenche avant l’enregistrement), les personnes ne sont alors pas au courant qu’elles sont filmées, ce qui est illégal.

4 - Les quartiers populaires d’avantage ciblés

Les quartiers les plus défavorisés, là où vivent la plupart des descendants de l’immigration post-coloniale, sont des lieux privilégiés d’expérimentation des technologies de surveillance et de la répression policière : ce sont dans ces quartiers que les caméras de surveillance ont été particulièrement développées 3 et ce sont dans ces quartiers que les policier.es muni.es de bodycams patrouillent le plus régulièrement. La prétendue neutralité de la technologie tend à gommer ces mécanismes discriminatoires (préjugés, quadrillages racialisés des dispositifs, etc.) alors même qu’ils vont les renforcer. Les images récoltées par les bodycams risquent de sur-représenter des jeunes issus de l’immigration post-coloniale, et ces images vont nourrir des banques de données constituées à des fins de reconnaissance faciale, voire de pratiques « prédictives » 4.

5 - Les bodycams pourraient aisément contribuer à la reconnaissance faciale

Si la reconnaissance faciale n’est pas encore légale en Belgique, tout semble aller dans cette direction : pensons aux pressions de l’ancien Ministre de l’Intérieur, Peter De Crem 5, ou à l’avant-projet de loi Pandémie, ou aux nouvelles caméras installées à la gare du Midi qui sont compatibles avec la reconnaissance faciale (disposées face aux portes et aux escalators, elles permettront d’identifier des personnes à l’aide de données biométriques).
Les images produites par les bodycams viendront ainsi aisément grossir les flux vidéos traités par des systèmes d’intelligence artificielle et d’analyse automatique des données.

6 - Un budget colossal au service de l’industrie technologique sécuritaire

L’équipement des services de police avec les bodycams est extrêmement coûteux : en plus de l’achat des caméras, il faut compter les chargeurs et batteries, les cartes de stockage, ainsi que la formation, les installations de stockage de données, le personnel supplémentaire pour gérer les données vidéo et les coûts d’entretien. Le budget d’achat des 90 caméras à Namur s’élevaient ainsi à 115 000€. En outre le matériel technologique est rapidement obsolète et nécessite d’être changé régulièrement.
Face aux enjeux sociaux contemporains, augmenter le budget de la police pour développer des technologies sécuritaires qui vont enrichir des entreprises privées, est une réponse très questionnable.

Pour conclure

L’introduction et le développement des bodycams, loin de répondre aux besoins énoncés par la police (plus de justice et plus de sécurité), soulèvent des enjeux éthiques, budgétaires, techniques et légaux, au-delà même des aspect arbitraires et discriminatoires que leurs mises en pratique laissent craindre. Les arguments avancés pour leur déploiement masquent le débat sociétal indispensable autour de la surveillance et de la répression.

Maud Girault
Pour le Collectif TRAQUE


Pour poursuivre

https://stopuneus.org/

https://technopolice.be/

https://radiorivewest.wordpress.com/

https://www.liguedh.be/wp-content/uploads/2020/06/Police-du-futur-et-profilage-ethnique_Chronique_LDH_191.pdf

https://policewatch.be/files/PW_analyse_bodycams_Vlongue.pdf

https://medor.coop/hypersurveillance-belgique-surveillance-privacy/police-justice-bng/episodes/namur-les-bodycams-ca-marche-ou-pas-equiveillance/

https://medor.coop/hypersurveillance-belgique-surveillance-privacy/police-justice-bng/episodes/a-namur-des-bodycams-pour-sauver-la-police-sousveillance/
 

1 https://policewatch.be/files/PW_analyse_bodycams_Vlongue.pdf
2 Cf. E. Dorlin : elle analyse les images de l’arrestation de Rodney King (Los Angeles, 1991) et relève que ces images, qui firent le tour du monde et furent accueillies par le « public » comme l’évidence de la violence policière, ont été vues par le jury comme une scène de légitime défense montrant la « vulnérabilité des policiers » face à cet homme noir. Elsa Dorlin convoque alors la notion de représentation de la violence : « cette violence, les hommes noirs en sont toujours rendus responsables : ils en sont la cause et l’effet, le commencement et la fin ». (Dorlin, Se défendre, Une philosophie de la violence, ed. Zones 2017).
Voir aussi les textes du Comité de soutien Lamine Bangoura : https://blogs.mediapart.fr/plis/blog/090521/belgique-pays-de-non-lieux-innocence-raciale-et-negrophobie-judiciaire, 2021.
3 Cf. P. de Keersmaecker et C. Debailleul, « Répartition géographique de la vidéo-surveillance dans les lieux publics de la Région Bruxelles-Capitale », 2016
Et article « contre les bodycams policières à Saint-Gilles (et ailleurs) » (oct. 2021) : https://stopuneus.org/
4 «La police belge du futur s’appuiera sur des algorithmes dans le cadre du projet iPolice dont la mise en œuvre est prévue entre 2020 et 2024. Ce système encore opaque accueillera des données policières actuellement dispersées et permettra de les consulter simultanément en fonction d’un profil. Il identifiera des hotspots correspondant à des lieux et des moments de référence où se dérouleraient le plus souvent des faits criminels. » « Police du future et profilage ethnique », Rémy Farge, 2021 https://www.liguedh.be/wp-content/uploads/2020/06/Police-du-futur-et-profilage-ethnique_Chronique_LDH_191.pdf
5 https://www.lalibre.be/belgique/judiciaire/2020/07/02/pieter-de-crem-souhaite-que-la-reconnaissance-faciale-soit-utilisee-par-la-police-mais-cela-ne-fait-pas-lunanimite-4MEJBVOXSRAELBOT7SPRQSY3MM/