FRArt Koujina, Subalterns' Cuisine : an experimental and collaborative artistic research on food, cookery and colonizationKoujina, la cuisine des subalternes : introduction

  • type: Article
  • ref: DOC.2023.87
  • tags: colonialité des savoirs, post-colonie, nourriture, cuisine, féminisme, subalternes, manques et privations, pénuries alimentaires, écologie, subsistance, auto-ethnographique

Koujina, la cuisine des subalternes aborde la colonialité des savoirs sous le prisme de la nourriture en Tunisie, au travers d'une série de discussions entre l'artiste et des personnes minorisées, principalement des femmes de milieux populaires. Ces rencontres auront lieu lors d'ateliers culinaires collaboratifs selon un protocole clairement établi d'échange de savoirs.
Ensemble, nous analyserons par la pratique comment des plats traditionnels se sont adaptés ; nous inventerons des présents alternatifs pour des plats disparus ; nous aborderons les manques et les privations ; nous penserons les gestes et les techniques culinaires, mais aussi les lieux et les rythmes de la convivialité post-coloniale dans un processus de recherche vivant. Dans ce processus, la nourriture est à la fois l’objet de la recherche, un outil de communication et le médium artistique. Notre hypothèse : les traditions culinaires sont des pratiques de résistance. Trois axes de recherche orienteront la recherche :
1) Dans quelle mesure la colonisation continue à impacter l’expérience intime et quotidienne de la nourriture? 2) Comment les femmes se réapproprient les espaces de commensalité et de convivialité en post-colonie? 3) Qu’est-ce que la subjectivité et la pratique de l’artiste peuvent apporter à une démarche ethnographique ? Mon expérience personnelle sera le point de départ, non seulement, car je suis issue du terrain étudié, mais aussi parce que le but est de replacer les affects au centre de la recherche. Le but est de sortir des schémas épistémologiques euro-centrés en donnant du crédit à d’autres ontologies. Les discussions ne seront pas enregistrées, mais retranscrites en différée afin de mobiliser la mémoire émotionnelle, comme outil valable de recherche.
Le matériel collecté lors de la recherche sera ensuite partagé en Belgique avec des personnes issues de diverses diasporas des anciennes colonies lors d'une recherche comparative. Enfin, celui-ci deviendra un récit d'auto-ethnographique.